Les liens utiles ou pas, en tout cas les liens pour faire comme les autres

L'USINE DU BONHEUR

"Il faut pourtant que la critique se mêle toujours à l'éloge,
le serpent aux fleurs, l'épine aux roses et la vérole au cul."
Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet

Je vais vous parler d’un livre que je n’ai pas lu. Dont je ne pense même pas forcément du mal. Il n’est que le prétexte pour vous présenter un site Net drôlement bien fichu.

Ce livre témoin – comme je parlerais d’un appartement témoin – s’appelle Tokyo petits portraits de l'aube, il est signé Michaël Ferrier, publié aux éditions Gallimard. Il s’agit d’un recueil de nouvelles que les critiques ordinaires ont couvert d’éloges, ou au moins d’un saké revigorant : "Michaël Ferrier écrit ainsi, des coups d'éclairs qui brisent la lenteur, des histoires simples et des hommes compliqués, son Japon tremble, ni sa main, ni sa plume" (Libération) ; il "pose sur Tokyo et ses habitants un regard poétique, décalé, plus nocturne que diurne, mais empreint d’une force sans apprêt, sans prétention" (Le Monde). Il paraît même plus que plausible que Le Républicain Lorrain et un journal suisse aient dit le plus grand bien de ce bouquin. L’admiration dépasse donc Paris, ce qui est soi est déjà extraordinaire (1).

Or voilà-t’y pas un site Internet, dont le nom évoque aussitôt l’univers d’Andy Warhol, se permet d’écrire que "ce livre, dont seule la fadeur est extrême, manque de cœur, manque de personnalité. Le simple fait qu'un sujet si riche soit traité en 86 pages en dit long sur l'inspiration de l'auteur, qui a laborieusement travaillé à cette rédaction, dont on ne sait par quel mystère elle a été publiée".

Je n’ai pas lu ce livre – à portée de main dans ma bibliothèque, il n’attend que ce moment. Mais de tomber sur www.lafactory.com, qui donne des avis, clair et décortiqués, qu’on n’attendrait pas forcément, voilà qui fait l’effet d’une bouffée de méthane frais !

Sur ce site à l’esthétique un chouia austère (mais mondecruel non plus ne se targue pas d’animations flash avec pop ups pour gagner des voyages avec les cars Jean-Yves point com), voilà ce qu’on trouve à propos du clown Florian Zeller : "Nulle intelligence dans ce livre-là (je n'ose parler de roman), pas même de bêtise. Absence de style, absence de récit, absence même de vocabulaire, absence de tout. Même la bêtise fait défaut" (ah, quelle formule géniale !) ; sur Amélie Nothomb et sa Biographie de la faim : "Amélie : écris moins avec ta cervelle, davantage avec ton cœur, et si ta faim n'est pas que celle d'un compte en banque bien garni, tu deviendras l'un des auteurs majeurs du 21 e siècle, toutes nationalités confondues". Et de Michel Houellebecq, parce qu’on ne peut pas détester tout le monde : "Tout passe au tamis d'un regard esseulé et désespéré. Des mots aussi simples et précis que le constat de notre société : simple, précise, et désespérée".

Il y a des chroniques musicales, même un DVD étrange qui y est évoqué. Bon sang, un site bien roulé sur le Net, voilà qui mérite les plus grands encouragements ! Pour ma part, je vais essayer de leur passer un petit coucou de la part de vos "satyristes" préférés. J’espère avoir bientôt des nouvelles. Bon surf et good vibrations.

Sylvain Ztein.

PS : A propos de sites merveilleusement pertinents, je n’hésite pas à refaire cette publicité gratuite pour le merveilleusement pertinent site des Cahiers du football : www.cahiersdufootball.com, un mélange exaltant de CharlieHebdo et de France Football, grosso modo car c’est bien mieux que les deux titres !

(1) http://www.liberation.fr/page.php?Article=254809 ; le second article du Monde est payant. Beaucoup plus amusants, les "opinions" des lecteurs sur le recueil, sur le site Internet de la fnac.



		L'USINE DU BONHEUR "Il faut pourtant que la critique se mêle toujours à l'éloge, le serpent aux fleurs, l'épine aux roses et la vérole au cul." Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet Je vais vous parler d’un livre que je n’ai pas lu. Dont je ne pense même pas forcément du mal. Il n’est que le prétexte pour vous présenter un site Net drôlement bien fichu. Ce livre témoin – comme je parlerais d’un appartement témoin – s’appelle Tokyo petits portraits de l'aube, il est signé Michaël Ferrier, publié aux éditions Gallimard. Il s’agit d’un recueil de nouvelles que les critiques ordinaires ont couvert d’éloges, ou au moins d’un saké revigorant : "Michaël Ferrier écrit ainsi, des coups d'éclairs qui brisent la lenteur, des histoires simples et des hommes compliqués, son Japon tremble, ni sa main, ni sa plume" (Libération) ; il "pose sur Tokyo et ses habitants un regard poétique, décalé, plus nocturne que diurne, mais empreint d’une force sans apprêt, sans prétention" (Le Monde). Il paraît même plus que plausible que Le Républicain Lorrain et un journal suisse aient dit le plus grand bien de ce bouquin. L’admiration dépasse donc Paris, ce qui est soi est déjà extraordinaire (1). Or voilà-t’y pas un site Internet, dont le nom évoque aussitôt l’univers d’Andy Warhol, se permet d’écrire que "ce livre, dont seule la fadeur est extrême, manque de cœur, manque de personnalité. Le simple fait qu'un sujet si riche soit traité en 86 pages en dit long sur l'inspiration de l'auteur, qui a laborieusement travaillé à cette rédaction, dont on ne sait par quel mystère elle a été publiée". Je n’ai pas lu ce livre – à portée de main dans ma bibliothèque, il n’attend que ce moment. Mais de tomber sur www.lafactory.com, qui donne des avis, clair et décortiqués, qu’on n’attendrait pas forcément, voilà qui fait l’effet d’une bouffée de méthane frais ! Sur ce site à l’esthétique un chouia austère (mais mondecruel non plus ne se targue pas d’animations flash avec pop ups pour gagner des voyages avec les cars Jean-Yves point com), voilà ce qu’on trouve à propos du clown Florian Zeller : "Nulle intelligence dans ce livre-là (je n'ose parler de roman), pas même de bêtise. Absence de style, absence de récit, absence même de vocabulaire, absence de tout. Même la bêtise fait défaut" (ah, quelle formule géniale !) ; sur Amélie Nothomb et sa Biographie de la faim : "Amélie : écris moins avec ta cervelle, davantage avec ton cœur, et si ta faim n'est pas que celle d'un compte en banque bien garni, tu deviendras l'un des auteurs majeurs du 21 e siècle, toutes nationalités confondues". Et de Michel Houellebecq, parce qu’on ne peut pas détester tout le monde : "Tout passe au tamis d'un regard esseulé et désespéré. Des mots aussi simples et précis que le constat de notre société : simple, précise, et désespérée". Il y a des chroniques musicales, même un DVD étrange qui y est évoqué. Bon sang, un site bien roulé sur le Net, voilà qui mérite les plus grands encouragements ! Pour ma part, je vais essayer de leur passer un petit coucou de la part de vos "satyristes" préférés. J’espère avoir bientôt des nouvelles. Bon surf et good vibrations. Sylvain Ztein. PS : A propos de sites merveilleusement pertinents, je n’hésite pas à refaire cette publicité gratuite pour le merveilleusement pertinent site des Cahiers du football : www.cahiersdufootball.com, un mélange exaltant de CharlieHebdo et de France Football, grosso modo car c’est bien mieux que les deux titres ! (1) http://www.liberation.fr/page.php?Article=254809 ; le second article du Monde est payant. Beaucoup plus amusants, les "opinions" des lecteurs sur le recueil, sur le site Internet de la fnac.