Tessa Martin, efficacement terrible

TESSA MARTIN, EFFICACEMENT TERRIBLE

« Comment peut-on être assez bête
pour croire à un destin pareil ?
Moi-même, je n’y parviens pas.
Ça ressemble à mettre une selle
sur le dos d’une vache. »
Isaac Bashevis Singer, Ombres sur l’Hudson

Kylie Minogue possède un livre de Colleen Mc Cullough. C’est stupéfiant. La prouesse de Tessa Martin n’en est pas moins impressionnante : elle possède le registre de Kylie Minogue dans le corps de Macaulay Culkin.

Beaucoup de rires ont accompagné la sortie de son premier single Je t’chat (terriblement efficace) (1). Des qualificatifs comme effroyable ou ontologique ont été employés. D’autres adjectifs violents furent utilisés, mais ils ont déjà servi dans un article sur David Hallyday, et il convient sur ce site d’éviter les répétitions.

Tel acharnement, que l’on n’avait plus connu depuis la reprise en allemand de L’ombre d’un géant, le poignant hommage de François Valéry à Leslie Nielsen, est à la fois logique et injuste.

Logique parce que, comme l’écrit Sigmund Freud, « l’humour est la contribution apportée au comique par l'intermédiaire du surmoi » (2). Et de fait, quand on écoute Tessa Martin, il faut vachement prendre sur soi.

Injuste ensuite, car « la première t’chanson de tous les temps », pour reprendre le jeu de mots fameux, traite avec un recul stupéfiant des angoisses adolescentes. A côté, Jacques Rivette, c’est de la gnognotte. Face à ce texte, la fantaisie tragique de Charles Schultz c’est peanuts. Un ignorant, c’est rien, etc.

On apprend ainsi qu’une jeune fille qui n’est pas « grande et blonde » doit se « cacher derrière un pseudo » pour masquer ses « grimaces », à la pensée sans doute que son « mec, c’est pas le boss des boss ». Après une double dose de Lexomil, elle se « dédicace un rêve », forcément parce que « toi et moi, parfois ça le fait pas ». Piètre héroïnomane, elle « efface » tout et finalement s’effondre dans les bras d’un homme que sans doute elle n’aime pas, occupant sa dernière nuit à résoudre cette contradiction : comment peut-elle affirmer que « c’est pas de la triche, pas de la langue de bois », alors qu’elle dit qu’elle est grande et blonde et que derrière l’écran son mec c’est le beau gosse mais pour de vrai c’est pas le boss des boss ? L’emploi de l’adjectif ontologique n’était donc pas usurpé, et ça, c’est fou. On comprend que ça soit un événement M6.

Suivant le conseil de Clara Morgane selon lequel il faut être bien entourée surtout quand tout nous échappe, Tessa Martin s’est adjoint les services de Jean-Marie Moreau. Jean-Marie Moreau n’est pas n’importe qui. Il est le parolier des plus grands : François Feldman et Hélène Ségara (3).

Mais cela ne suffit pas à expliquer cette sensualité si précoce, Tessa tu n’as que 14 ans, lorsque tu susurres le mot « sexe ». Ce mélange de Mylène Farmer au début de sa carrière et des meilleurs passages de Catherine Millet font de cette « t’chanson » le digne successeur de la Lambada ou de Allo allo monsieur l’ordinateur. S’agissant de Catherine Millet, je pense en particulier à ce passage : « Mon voisin se mit à chanter. Son orgasme était trop puissant. Je tentai de l’accompagner mais les vibrations de ma gorge chatouillèrent mon partenaire ». La vie sexuelle de Catherine M., éditions du Bout, les damnés de la paire, mais j’ai oublié le numéro de la page.

Quant à là, cela suffit, je ne voudrais pas être trop long. A écouter d’urgence, c’est tout.

Sylvain Ztein.

(1) M6 a malencontreusement bouté son premier clip de son site Internet. Une recherche sur eMule ou Kazaa devrait permettre de retrouver ce chef-d’œuvre de bonne humeur, entre dépouillement à la Stanley Kubrick et efficacité à la Max Pécas.

(2) Freud écrit aussi : « Le rire naît quand une certaine quantité [Betrag] d’énergie psychique, auparavant employée à l’investissement [Besetzung] de certains chemins psychiques, est devenue inutilisable, de telle sorte qu’elle peut éprouver une libre éconduction [freie Abfuhr] », mais c’est nettement plus discutable [Liberalpolitik].

(3) Les moins grands étant : Demis Roussos, Alain Delon, Sylvie Vartan, Mireille Mathieu, Sacha Distel, Les Vagabonds, Diane Tell, René et Nathalie Simard, Johanne Bloin, Caroline Legrand, Julie Piétri, Hervé Vilard, La Bande à Basile, Ritchy, Frank Noël, Laurent Rossi, Claude Puterflam, Océan, Darie Boutboul, Michèle Torr, Linda de Suza, Mélody, Emile Wandelmer, Pierre Groscolas, Frédéric François, C. Jérome, Rachid Bahri, Sylvie Vartan et Agnès Ratel. Des pochettes de disques mais aussi un aperçu des superbes musiques publicitaires composées pour Oscillococcinum ou le beurre allégé St Hubert 41, vite : http://www.1212.com/a/moreau/jm.html



		TESSA MARTIN, EFFICACEMENT TERRIBLE « Comment peut-on être assez bête pour croire à un destin pareil ? Moi-même, je n’y parviens pas. Ça ressemble à mettre une selle sur le dos d’une vache. » Isaac Bashevis Singer, Ombres sur l’Hudson Kylie Minogue possède un livre de Colleen Mc Cullough. C’est stupéfiant. La prouesse de Tessa Martin n’en est pas moins impressionnante : elle possède le registre de Kylie Minogue dans le corps de Macaulay Culkin. Beaucoup de rires ont accompagné la sortie de son premier single Je t’chat (terriblement efficace) (1). Des qualificatifs comme effroyable ou ontologique ont été employés. D’autres adjectifs violents furent utilisés, mais ils ont déjà servi dans un article sur David Hallyday, et il convient sur ce site d’éviter les répétitions. Tel acharnement, que l’on n’avait plus connu depuis la reprise en allemand de L’ombre d’un géant, le poignant hommage de François Valéry à Leslie Nielsen, est à la fois logique et injuste. Logique parce que, comme l’écrit Sigmund Freud, « l’humour est la contribution apportée au comique par l'intermédiaire du surmoi » (2). Et de fait, quand on écoute Tessa Martin, il faut vachement prendre sur soi. Injuste ensuite, car « la première t’chanson de tous les temps », pour reprendre le jeu de mots fameux, traite avec un recul stupéfiant des angoisses adolescentes. A côté, Jacques Rivette, c’est de la gnognotte. Face à ce texte, la fantaisie tragique de Charles Schultz c’est peanuts. Un ignorant, c’est rien, etc. On apprend ainsi qu’une jeune fille qui n’est pas « grande et blonde » doit se « cacher derrière un pseudo » pour masquer ses « grimaces », à la pensée sans doute que son « mec, c’est pas le boss des boss ». Après une double dose de Lexomil, elle se « dédicace un rêve », forcément parce que « toi et moi, parfois ça le fait pas ». Piètre héroïnomane, elle « efface » tout et finalement s’effondre dans les bras d’un homme que sans doute elle n’aime pas, occupant sa dernière nuit à résoudre cette contradiction : comment peut-elle affirmer que « c’est pas de la triche, pas de la langue de bois », alors qu’elle dit qu’elle est grande et blonde et que derrière l’écran son mec c’est le beau gosse mais pour de vrai c’est pas le boss des boss ? L’emploi de l’adjectif ontologique n’était donc pas usurpé, et ça, c’est fou. On comprend que ça soit un événement M6. Suivant le conseil de Clara Morgane selon lequel il faut être bien entourée surtout quand tout nous échappe, Tessa Martin s’est adjoint les services de Jean-Marie Moreau. Jean-Marie Moreau n’est pas n’importe qui. Il est le parolier des plus grands : François Feldman et Hélène Ségara (3). Mais cela ne suffit pas à expliquer cette sensualité si précoce, Tessa tu n’as que 14 ans, lorsque tu susurres le mot « sexe ». Ce mélange de Mylène Farmer au début de sa carrière et des meilleurs passages de Catherine Millet font de cette « t’chanson » le digne successeur de la Lambada ou de Allo allo monsieur l’ordinateur. S’agissant de Catherine Millet, je pense en particulier à ce passage : « Mon voisin se mit à chanter. Son orgasme était trop puissant. Je tentai de l’accompagner mais les vibrations de ma gorge chatouillèrent mon partenaire ». La vie sexuelle de Catherine M., éditions du Bout, les damnés de la paire, mais j’ai oublié le numéro de la page. Quant à là, cela suffit, je ne voudrais pas être trop long. A écouter d’urgence, c’est tout. Sylvain Ztein. (1) M6 a malencontreusement bouté son premier clip de son site Internet. Une recherche sur eMule ou Kazaa devrait permettre de retrouver ce chef-d’œuvre de bonne humeur, entre dépouillement à la Stanley Kubrick et efficacité à la Max Pécas. (2) Freud écrit aussi : « Le rire naît quand une certaine quantité [Betrag] d’énergie psychique, auparavant employée à l’investissement [Besetzung] de certains chemins psychiques, est devenue inutilisable, de telle sorte qu’elle peut éprouver une libre éconduction [freie Abfuhr] », mais c’est nettement plus discutable [Liberalpolitik]. (3) Les moins grands étant : Demis Roussos, Alain Delon, Sylvie Vartan, Mireille Mathieu, Sacha Distel, Les Vagabonds, Diane Tell, René et Nathalie Simard, Johanne Bloin, Caroline Legrand, Julie Piétri, Hervé Vilard, La Bande à Basile, Ritchy, Frank Noël, Laurent Rossi, Claude Puterflam, Océan, Darie Boutboul, Michèle Torr, Linda de Suza, Mélody, Emile Wandelmer, Pierre Groscolas, Frédéric François, C. Jérome, Rachid Bahri, Sylvie Vartan et Agnès Ratel. Des pochettes de disques mais aussi un aperçu des superbes musiques publicitaires composées pour Oscillococcinum ou le beurre allégé St Hubert 41, vite : http://www.1212.com/a/moreau/jm.html