ON A RETROUVE MIKE NICHOLS ET IL A BATTU CLAUDE BERRI

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"On dit que les gens qui s'aiment
sont plus vivants que les autres."
Jacques Prévert et Marcel Carné, Le jour se lève

Depuis Le lauréat (1967), on était resté sans nouvelles de Mike Nichols. Ou plutôt si, les nouvelles n'ont pas manqué, mais que des mauvaises. De Wolf au remake de La cage aux folles, le génie de ses deux premiers films s'est dilapidé dans les films de studio hollywoodiens des années 80. Et il réapparaît en 2005, quarante ans après, fringant, innovant comme dans ses jeunes années.

Déjà, la mini-série Angels in America préfigurait ce retour au premier plan. Closer en est la juste confirmation. Avec son casting ambitieux et risqué (Jude Law, Julia Roberts, Natalie Portman, Clive "Arthur" Owen), cette adaptation d'une pièce à succès retrouve cette liberté qui a fait la réputation du réalisateur d'origine allemande. Entendre Julia Roberts parler aussi crûment de sexe dans un film de studio était encore hier inimaginable.

Rendons grâce à Nichols d'avoir poser dans sa bouche les mots "foutres, joui, branlette". Ca n'a l'air de rien mais faire dire ce genre de mots à une actrice de la réputation de Julia Roberts est un exploit splendide. Reste à savoir comment sa doubleuse va gérer tout ça.

Pour en revenir au film, Closer parle de deux couples qui n'ont de cesse de foutre en l'air leurs belles idylles à force de convoiter les conjoints de leurs prochains. Rien de bien anormal en somme. Brad Pitt et Jennifer Aniston en sont la preuve médiatique la plus récente. Quand c'est ma concierge qui zieute un de mes voisins, on n'en parle pas mais c'est pourtant la même chose.

Parler de couples qui baisent, qui l'assument, qui se trompent, sans le faux culisme habituel du cinéma est tellement plaisant. Entre le marivaudage grave de L'un reste, l'autre part, de Berri, et ce Closer adulte, franc et massif (malgré un titre français inqualifiable et une affiche digne de Télé Z), le choix se porte sur le second. Le cinéma réaliste de Nichols, docteur es théâtre, fonctionne à merveille dans ce jeu à quatre. Et certaines scènes, comme celle de la boîte de striptease, rappellent les plus beaux moments du Lauréat.

Ajouté à cela cet éternel talent qu'a Nichols pour dénicher la bande originale qui s'adapte parfaitement à ses visions (Damien Rice, Prodigy, The Smiths) et vous obtenez le film le plus réussi de Mike Nichols depuis… Le lauréat. Il aura fallu attendre quarante ans, mais Mike Nichols est de retour. Claude Berri pas encore.

Christophe Chohin.

Closer. USA, 2004 (1h45). Réalisation : Mike Nichols. Avec Julia Roberts, Natalie Portman, Jude Law, Clive Owen.

L'un reste, l'autre part. France, 2004 (1h40). Réalisation : Claude Berri. Avec Natahlie Baye, Charlotte Gainsbourg, Daniel Auteuil, Pierre Arditi.