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LA MORT DU FOOTBALL SOVIETIQUE

"An afternoon nostalgia
television show
you spoke in silhouette
(but they couldn't name you)
although the panel
were very polite to you
but I remembered you"
Morrissey, Little man, what now ?

Dynamo Kiev-Lokomotiv Moscou. Dire que cela fait des années que j’attendais ce match serait mentir. Mais lorsque j’ai vu sur mon écran cette inévitable confrontation, cela a réveillé en moi ces souvenirs épars du grand championnat d’URSS, de ces équipes énigmatiques qui venaient défier les grands d’Europe avec les noms menaçant de Sparta(k), Lokomotiv, Torpedo, Dynamo et porter haut la supériorité d’un système politique.

Le Dynamo contre le Lokomotiv, comme au bon vieux temps de l’URSS, avec des supporters enivrés, des forces de l’ordre omniprésentes, la menace du goulag pour tous les participants, des apparatchiks au gardien remplaçant. Epoque bénite des maillots CCCP, des Dassaev, Mikhailichenko, Zavarov (1), de ces matchs incertains disputés à Leipzig, Prague ou Dniepropetrovsk.

Alors mardi après midi, j’ai couru dans toute la capitale pour trouver de la vodka frelatée. Comme là-bas. Mais c’est un des drames de Paris : pour ce qui est des cigarettes de contrebande, il suffit de demander. Mais lorsqu’il s’agit de produits de qualités comme la vodka russe, impossible de mettre la main dessus. Me contentant de vodka polonaise sèche et mélancolique, enfilant mon vieux maillot du Spartak Moscou tout en écoutant une dernière fois l’hymne soviétique (2), j’allumais l’écran et le choc me pétrifia.

Les maillots des deux équipes portaient des publicités occidentales. Sur les côtés des terrains, même refrain. Dans les tribunes, les femmes slaves sont toujours aussi belles mais c’est bien tout ce qu’il reste de la grande époque de l’URSS. Les hommes ne sont plus saouls, l’armée à peine visible et la neige absente. Sur ce terrain immaculé, avec 78 000 spectateurs dont l’idéologie ne prête plus à la passion débordante des années Andropov, j’ai assisté à un match aseptisé, prévisible. Pas même une certaine défiance des Ukrainiens contre le grand frère Russe. Comble du comble, les deux buts de la victoire du Dynamo ont été inscrits par un Brésilien du nom de Rincon. Un Brésilien ! A Kiev !

Vladimir, Josef, Nikita, Leonid et les autres doivent se retourner dans leur tombe de tant d’incohérences. Et moi je ne regarderai pas le match retour. Je me repasserai plutôt le RFA-URSS de 1966. L’âme slave a disparu du football.


Christophe Chohin.

(1) Vous voulez savoir ce qu'ils sont devenus ? Vous rêvez de les voir jouer au football ? Alors rendez-vous sur ce site antarctica.sc.ru/ussr_team/index_f.html Vous n'en croirez pas vos yeux

(2) Lisez ce texte en écoutant l''hymne soviétique ici (500ko) ou ici pour la version interprétée par Les choeurs de l'armée rouge (3,5 Mo).

 

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