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Benjamin Catherine est un étudiant Erasmus en économie, parti en Hongrie dans le cadre de ses études (d'économie, la vie est bien faite en effet). A mondecruel, on a aimé le récit picaresque de ses aventures orientales, d'autant que nous-mêmes ne quittons jamais nos chambres sauf pour aller aux toilettes, regarder Téléfoot ou faire l'amour à la voisine. Encore qu'il est désormais probable que ma femme m'en chasse, et de l'appartement plus généralement. Bon voyage. 

Avant-propos de l'auteur  

Bien sûr, on me demande souvent : pourquoi la Hongrie, pourquoi pas l'Angleterre ou l'Espagne ? Simplement, je réponds que, justement, je préfère l'originalité, prendre le risque de partir dans un pays dont je ne connais pas la langue ô combien complexe. Aux frontières de l'Europe de l'Est, je pourrais vivre cet épanouissement personnel dont j'avais bien besoin.

Et la Hongrie, ce n'est pas ce qu'on groit (1). Un pays intéressant, de magnifiques paysages, et surtout sa capitale, Budapest, maintes fois envahie par les plus grands peuples, mais jamais totalement dominée, que cela soit les Mongols d'Attila, les Romains, l'Empire ottoman, les russes communistes ou les Habsbourgs dans le désordre, et pour tester votre niveau d'histoire. A aucun moment les Magyars – car c'est ainsi qu'on doit les appeler – n'ont perdu leur identité, et surtout leur langue aux origines quasiment inconnues, à l'image du basque ou du finnois. Il adhérera à l'Union européenne le 1 er mai de cette année.

En restant dans ce pays, j'ai découvert différentes cultures, avec des étudiants du monde entier, et j'ai pu voyager dans les pays frontaliers, notamment en Serbie Monténégro, Croatie, Bosnie Herzégovine pour un "road trip" inoubliable (2), et en Pologne, Slovaquie, prochainement en République Tchèque et Roumanie. Une région du monde trop souvent oubliée et ignorée par les Européens de l'Ouest, et les Français surtout. Or, les pays d'Europe centrale ou de l'Est ne sont plus communistes, comme certains l'imaginent encore, et il est loin le temps du stalinisme et de la lutte ouvrière. Le renversement serait même presque extrême, à la frontière du nationalisme fasciste.

Bien sûr, la rudesse de certaines personnes, et notamment les serveurs, ou l'accueil dans les magasins, peut surprendre. Tout comme les escalators du métro, où tout le monde reste patiemment aligné, sans doubler, sans se presser. Cela paraîtra étrange, surtout aux Parisiens.

Une expérience ici reste donc hors norme, et si vous avez un jour le choix de partir dans un pays comme celui ci, il ne faut pas hésiter, sachez prendre le risque de vivre un moment particulier qui pourrait vous changer la vie.

Benjamin Catherine.

(1) Nous tairons le nom de l'auteur de ce jeu de mot, par respect pour lui-même, mais aussi pour éviter toutes représailles juridiques devant les tribunaux de ce pays. On ne sait jamais.

(2) Lire le récit du voyage ci-dessous.

 

ERRER A L'EST EST HUMAIN

“I shall be gone and live or stay and die.”
William Shakespeare

Et pourtant je ne devais pas y aller.

Nous partîmes six : deux Canadiens, une Hongroise, un Suédois, et deux Français, dans un van Toyota de première qualité : 550 000 kilomètres, pas de suspensions, un modèle que vous ne trouverez que dans les pays de l'Est, peut-être quelques exemplaires en Turquie – mais même au Japon on n'en soupçonne pas l'existence. C'est parti pour un voyage qui nous fera traverser cinq pays.

1. La Serbie. Située au sud de la Hongrie, ce pays a connu un lourd passé. Après un bref passage par Novi Sad sans grand intérêt, nous arrivons à Belgrade, partiellement détruite par les bombardements de la guerre de 1992. Nous trouvons un hôtel, visitons la ville, assez jolie, rencontrons une amie serbe de notre compagne hongroise pour manger dans un resto typique vraiment sympa. Pas de sortie de prévue car on a des choses à faire le lendemain tôt, et on n'a pas dormi la veille.

Le lendemain, pas de van. La fourrière ! Pas au programme ça, alors on part en quête de l'endroit, avec les 25 euros de l'amende en poche. Evidemment pour trouver la fourrière et expliquer d'où l'on vient, et pourquoi on passe par ici, pas facile. Surtout qu'il a fallu se débrouiller avec le serbo-croate pour discuter avec la police.

2. La province du Kosovo. Long voyage pour trouver Pristina. On finissait vraiment par croire qu'elle était rayée de la carte ; pas loin d'ailleurs. Nous arrivons finalement à la frontière de l'Etat, découvrons les forces de la KFOR (ONU) et de l'Union européenne. Payons 42 euros d'assurance "au cas où"… Rassurant.

En fait, pas trop dangereux. La ville est en pleine reconstruction, tranquille, avec des militaires partout. Pause déjeuner pour y manger les meilleures pizzas ("pizze") du monde, si si, vraiment. Départ pour la prochaine étape, le Monténégro et ses plages au bord de l'adriatique.

3. La Serbie Monténégro. Long, très long voyage de nuit dans des montagnes incroyables, pas moins de vingt et un contrôles de passeport et pas la moindre vérification du permis de conduire. Et des kilomètres en pagaille : 150 en trois heures de virages nocturnes, sans voir le magnifique panorama que l'on devine. Impossible de s'endormir avec le bruit du moteur et la suspension tape-cul, qui se rappelle à nous dans les tunnels remplis de bosses et creusés de trous de 50 cm, Avant d'éviter les ponts à sens unique qu'aucun panneau n'indique, et d'ignorer le précipice qui disparaît sur la droite, mais j'ai le vertige alors mieux vaut ne pas y penser.

Nous ne découvrons la "guest house" qu'après une heure de recherche dans la nuit de Budva. Dix euros la nuit… Une vue magnifique en ouvrant les volets, vue sur la mer, beau temps et pas le moindre touriste ! La Provence sans ses étendues de tongs. Oliviers et monts rocailleux, mer bleue à perte de vue, pas un bruit. Aucun rapport avec Belgrade, son temps médiocre, son ambiance glaciale.

4. La Croatie. Toujours le long de la côte, son splendide paysage, et la ville de Dubrovnik, à ne pas manquer. Un côté Italie du sud, une touche sicilienne. Visite de la ville, coucher de soleil sur la mer. Passe un bateau de croisière immense, plein de touristes qui s'ébroue de leurs signes de la main ridicules : nous rêvons secrètement à une tourista collective…

5. Sarajevo. Encore un long voyage pour Sarajevo, montagnes, passages entre les mines, contrôles de police, et enfin la ville. Horrible chambre d'hôtes pour six personnes.

Le lendemain commence par une mauvais surprise : la vitre du van éclatée, avec en bonus la disparition de mon sac, malencontreusement oublié dans la voiture, avec tous mes cours d'un semestre et quelques livres, mon passeport, mon couteau suisse, mon permis de conduire, et surtout mon appareil photo numérique… Du coup, de Sarajevo, nous n'avons guère vu que le bureau de la police, pour que, après une heure de paperasse, ils m'annoncent avoir trouvé un homme ce matin en possession de mon appareil… mais pas de mes cours !

Point positif : depuis que j'ai raconté mon aventure à des policiers bosniaques qui ne parlent pas un mot d'anglais, qui sont habillés comme dans PJ, avec toutefois un trois-quarts cuir et des lunettes pour faire  Deux flics à Miami , mis une heure pour rédiger un rapport, je ne critiquerai plus jamais la bureaucratie française.

Laissé tout seul dans le bureau de police – mes amis avaient faim – je subis la vérification de l'appareil : les policiers avaient trouvé le moyen de regarder toutes mes photos, avec un petit sourire en coin. Bon, je leur fais comprendre que je dois y aller quand même, j'ai d'autres choses à faire aujourd'hui.

Reste cette délicate question : comment vont-ils me croire à l'Université : mon appareil photo a été retrouvé mais pas mes cours ?! Mais ça c'est une autre histoire, maintenant il faut retourner sur Budapest. Photocopies et révisions intensives, certes, mais le plaisir final de repenser au Monténégro, aussi beau que l'Italie ou la Grèce … et bien moins cher !

 

EDITO DU 5 MARS 2004 "MEME PAS PEUR"

EDITO DU 11 FEVRIER "OSTENTATOIRE"

EDITO DU 26 JANVIER "LA LEN FETIDE"

EDITO DU 20 OCTOBRE "ET VIVE LA FRANCE"

EDITO DU 15 OCTOBRE "ETRE ET EN AVOIR PLEIN LES POCHES"

EDITO DU 19 SEPTEMBRE "LA MORT DU FOOTBALL SOVIETIQUE"

EDITO DU 25 AOUT "ELLE A LES YEUX REVOLVERS"

EDITO DU 23 AOUT "LE SOLEIL C'EST CHAUD ET LA MORT CA TUE"

EDITO DU 6 AOUT "PAUVRE INGRID BETANCOURT"

EDITO DU 27 JUILLET "LA BONNE NOUVELLE DE LA JOURNEE"

EDITO DU 21 JUILLET "LA MEMOIRE EST-ELLE SOLUBLE DANS LE CIMENT ?"

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EDITO DU 4 JUILLET "JE HAIS CE SITE"