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CLOWNS TRISTES "Je ferai le clown de mon mieux. Une piqûre pour Garfield Personnellement, je n'ai rien contre Garfield, le chat créé par Jim Davis en 1978. Il ne laisse pas traîner ses poils par terre, et ne déclenche pas d'allergie chez les jeunes femmes que j'invite dans le seul but d'avoir autre chose à fouetter. Je lui accorde même une certaine sympathie, née de la lecture de quelques épisodes dans un magazine culturel, il me semble que c'est Télé Loisirs, je suis pas sûr, ça manque de blagues pour que je m'abonne. Par conséquent, son adaptation cinématographique ne devrait pas hérisser mes poils. Sauf que. Dans la version française de Garfield the movie, les voix principales n'ont pas été confiées à des professionnels du doublage. Il aurait été risqué de faire appel à des personnes qui auraient probablement fait un trop bon travail, à moins qu'on ait craint qu'ils aient un chat dans la gorge ? Qu'ils finissent par botter en touche ? Qu'en sais-je. Du coup, on a déroulé, telle une langue, le tapis rouge à des gens éminemment sympathiques, dont la voix splendide nous laisse communément muets d'admiration : Cauet et Virginie Efira, respectivement animateur popu sur TF1 et poupée animée sur M6. Si du premier, on ne connaît surtout que les accents salaces et de la seconde les gloussements prépublicitaires, on est en droit de penser qu'ils cachent bien leur jeu, et que ben franchement, eh bien on savait pas qu'ils pétaient aussi bien de la bouche. On me répliquera que c'est la mode d'inviter sur des plateaux de doublage des "peoples" qui sauront mieux vendre le film sur les autres plateaux, ceux de télévision. Quand le doublage est intéressant je pense à Elie Semoun dans L'âge de glace c'est un obstacle difficile pour les professionnels de la voix. Quand il est franchement médiocre Alain Chabat maniant le langage vert de l'ogre Shrek il pousse à s'offusquer de ce jeu du chat et de la souris entre doubleurs mal payés et stars trop contentes d'en causer chez Ardisson. Mais n'allons pas imaginer que les fantômes de la télévision française car Alain Chabat ou Elie Semoun possèdent quand même un talent que Cauet ou Virginie Efira n'ont guère, même en faisant d'autres bruits avec la bouche, comme couiner, vagir ou annoncer Thierry Lhermitte on lui fait un triomphe ne savent que prendre le boulot des doubleurs en se fendant la poire. On peut leur trouver plein d'autres choses à faire, et de bien plus ambitieuses : prendre la place des acteurs, ah non pardon y'a déjà Michael Youn, prendre la place des spectateurs, voire prendre la place des billets de cinéma, que l'on pourra enfin redéchirer avec plaisir comme au bon vieux temps de la dernière séance. Pour tout cela, je suis prêt à donner de la voix, moi aussi. A relire, sur Cauet : Cauet, le recycleur de déchets A relire encore, sur un certain doublage : La voix de Julia est impénétrable
J'ai testé pour vous : les cadeaux gratuits Être marié présente deux avantages : le premier est fiscal, le second est qu'on est beaucoup aimé par les magasins de stores et de meubles. Régulièrement, après qu'ils eurent enregistré dans leurs disques durs les noms et adresses piochés dans les bans publiés en mairie, ils appellent les jeunes couples pour leur proposer d'investir plein d'argent dans des stores ou des meubles comme preuve de leur amour. Pour la quatorzième fois depuis mon installation, je reçus donc un appel d'un magasin de meubles me proposant de découvrir leurs offres exceptionnelles. Bah oui, mais vous comprenez des meubles, on n'a pas beaucoup de place ici, on est un jeune couple qui démarre, en plus l'installation écran plasma prend presque toute la pièce. Sauf qu'ils avaient préparé un argument imparable : ils avaient un cadeau pour nous. Que dis-je, deux cadeaux : un ensemble de couteaux de cuisine pour ma femme (malheureusement hostile à être réduite à ce mode de vie depuis qu'elle a acheté le CD de Cookie Dingler), et une boîte à outils pour moi. Plus encore, le magasin n'était pas situé au fin fond d'une banlieue parisienne, mais à une quinzaine de minutes à pied de notre appartement. Une boîte à outils, ça tombait drôlement bien : je venais de recevoir par la poste un petit meuble en kit, dans lequel je pourrais ranger les restes de mes illusions et des DVD aussi. De retour chez moi, j'ouvre fièrement la mallette pleine d'outils et m'apprête à monter le meuble de rangement. Je me saisis du cutter trop bien, un cutter pour couper les lanières entourant le carton. Je dois m'en servir comme d'une scie pour enfin rompre les bandes plastiques au bout de dix ou douze secondes. Je poursuis le montage, et arrive à la phase de vissage. Tout se passe bien, du moins au début, jusqu'à ce que les vis peinent à descendre. Je tourne vainement, en fin de compte. M'interroge. Jetant un coup d'il au tournevis, je me rends compte que l'extrémité cruciforme de l'outil s'est affaissée sur elle-même. En poussant et en tournant le tournevis, le bout s'était écrasé sur lui-même comme un bout de pâte à modeler. D'où ce conseil d'une large portée : amis lecteurs habitués à prendre la mouche, ne dites pas trop vite : "Chérie, ta viande elle est vraiment trop dure". Vérifiez donc plutôt que vous ne la coupez pas avec un couteau en aluminium offert par La maison du canapé.
Bonus : Le monde selon William Karel Je reste sous le choc de la diffusion du documentaire de William Karel, Le monde selon Bush, diffusé sur France 2 à l'heure habituelle des programmes intéressants c'est-à-dire 22 h 30. Ce travail est sans doute bien meilleur que le sera le film de Michael Moore, qui aura toutefois pour lui une mise en scène corrosive de l'absurdité du mode de gouvernement américain. C'est un documentaire qui a, à mon sens, un équivalent dans l'univers cinématographique : Lost in la Mancha, qui relate les conditions de tournage dramatiques du Don Quichotte de Terry Gilliam (Brazil, L'armée des douze singes). La même succession d'abracadabrances, la même course effrayante des événements. Evidemment, Le monde selon Bush, c'est en vrai, et ça peut plonger dans un profond pessimisme ceux qui croient encore à quelque chose. Vivement le DVD. Cette chronique a été écrite en écoutant I could have been, de Nine Inch Nails. Sylvain Ztein.
EDITO DU 3 MAI 2004 "AUX MORTS LA NATION RECONNAISSANTE" EDITO DU 26 MARS 2004 "LA FERME ROCCO" EDITO DU 12 MARS 2004 "ERRER A L'EST EST HUMAIN" EDITO DU 5 MARS 2004 "MEME PAS PEUR" EDITO DU 11 FEVRIER "OSTENTATOIRE" EDITO DU 26 JANVIER "LA LEN FETIDE" EDITO DU 20 OCTOBRE "ET VIVE LA FRANCE" EDITO DU 15 OCTOBRE "ETRE ET EN AVOIR PLEIN LES POCHES" EDITO DU 19 SEPTEMBRE "LA MORT DU FOOTBALL SOVIETIQUE" EDITO DU 25 AOUT "ELLE A LES YEUX REVOLVERS" EDITO DU 23 AOUT "LE SOLEIL C'EST CHAUD ET LA MORT CA TUE" EDITO DU 6 AOUT "PAUVRE INGRID BETANCOURT" EDITO DU 27 JUILLET "LA BONNE NOUVELLE DE LA JOURNEE" EDITO DU 21 JUILLET "LA MEMOIRE EST-ELLE SOLUBLE DANS LE CIMENT ?" |